126 Assignment: Guy de Maupassant, Sur l’eau: Start

Guy de Maupassant

Biographie-cliquez

 

Les caractéristiques du récit fantastique
 

L’entrée dans le récit fantastique

  1. Le récit fantastique est le plus souvent mené à la 1ère personne: le narrateur se présente comme ayant réellement vécu les faits qu’il raconte, il fait partie de l’histoire.
  2. Ainsi, le lecteur a l’impression que les faits racontés se sont réellement déroulés et semble partager les sentiments du narrateur-personnage. 
  3. Le récit fantastique présente un cadre (spatio-temporel), des personnages ancrés dans la réalité: l’effet de réel donne plus de force au surgissement du fantastique. Le récit fantastique se distingue ainsi du merveilleux qui plonge d’emblée le lecteur dans un monde présenté comme imaginaire.
  4. Dans cette réalité surviennent des événements étranges qui peuvent s’expliquer par les lois de la raison mais qui apparaissent en même temps singuliers et inquiétants.
  5. Les récits fantastiques progressent par degrés: l’événement fantastique est préparé par différents détails qui peuvent apparaître inquiétants.
  6. Le genre fantastique offre des thèmes variés: la peur, l’angoisse de la mort, les morts vivants, la folie, la nature qui se venge, la métamorphose, etc.

Des faits inexplicables et terrifiants

  1. Le récit fantastique fait intervenir des événements inexplicables qui peuvent recevoir une double interprétation: réelle (naturelle, réaliste) et surnaturel (fantastique).
  2. Le personnage est souvent en proie à des états seconds (ivresse, endormissement) ou bien se trouve dans l’obscurité, souvent seul: autant d’éléments suscéptibles de modifier sa perseption des événements et de favoriser l’ambiguïté. Il ne comprend pas totalemnent ce qui est en train de se passer, ce qui crée un climat angoissant. Il éprouve des sentiments troublant et confus. Ne maîtrisant plus ce qui l’entoure, la peur et plus encore la terreur s’emparent parfois de lui.

La fin du récit

  1. A la fin du récit fantastique, le narrateur se trouve dans l’incapacité de trancher entre une explication surnaturelle des faits et une explication rationnelle. Très souvent, le mystère reste intact. C’est le principe d’hésitation ou d’ambiguïté.

SUR L’EAU

Guy de Maupassant

 

J’avais loué, l’été dernier, une petite maison de campagne au bord de la Seine, à plusieurs lieues de Paris, et j’allais y coucher tous les soirs. Je fis, au bout de quelques jours, la connaissance d’un de mes voisins, un homme de trente à quarante ans, qui était bien le type le plus curieux que j’eusse jamais vu. C’était un vieux canotier, mais un canotier enragé, toujours près de l’eau, toujours sur l’eau, toujours dans l’eau. Il devait être né dans un canot, et il mourra bien certainement dans le canotage final.

Un soir que nous nous promenions au bord de la Seine, je lui demandai de me raconter quelques anecdotes de sa vie nautique. Voilà immédiatement mon bonhomme qui s’anime, se transfigure, devient éloquent, presque poète. Il avait dans le coeur une grande passion, une passion dévorante, irrésistible : la rivière.

Ah ! me dit-il, combien j’ai de souvenirs sur cette rivière que vous voyez couler là près de nous ! Vous autres, habitants des rues, vous ne savez pas ce qu’est la rivière. Mais écoutez un pêcheur prononcer ce mot. Pour lui, c’est la chose mystérieuse, profonde, inconnue, le pays des mirages et des fantasmagories, où l’on voit, la nuit, des choses qui ne sont pas, où l’on entend des bruits que l’on ne connaît point, où l’on tremble sans savoir pourquoi, comme en traversant un cimetière : et c’est en effet le plus sinistre des cimetières, celui où l’on n’a point de tombeau.

La terre est bornée pour le pêcheur, et dans l’ombre, quand il n’y a pas de lune, la rivière est illimitée. Un marin n’éprouve point la même chose pour la mer. Elle est souvent dure et méchante c’est vrai, mais elle crie, elle hurle, elle est loyale, la grande mer ; tandis que la rivière est silencieuse et perfide. Elle ne gronde pas, elle coule toujours sans bruit, et ce mouvement éternel de l’eau qui coule est plus effrayant pour moi que les hautes vagues de l’Océan.

Des rêveurs prétendent que la mer cache dans son sein d’immenses pays bleuâtres, où les noyés roulent parmi les grands poissons, au milieu d’étranges forêts et dans des grottes de cristal. La rivière n’a que des profondeurs noires où l’on pourrit dans la vase. Elle est belle pourtant quand elle brille au soleil levant et qu’elle clapote doucement entre ses berges couvertes de roseaux qui murmurent.

Le poète a dit en parlant de l’Océan :

Ô flots, que vous savez de lugubres histoires !
Flots profonds, redoutés des mères à genoux,
Vous vous les racontez en montant les marées
Et c’est ce qui vous fait ces voix désespérées
Que vous avez, le soir, quand vous venez vers nous.

Eh bien, je crois que les histoires chuchotées par les roseaux minces avec leurs petites voix si douces doivent être encore plus sinistres que les drames lugubres racontés par les hurlements des vagues.


N’oubliez pas d’amener vos remarques en classe !

definition

License

Icon for the Creative Commons Attribution-NonCommercial-ShareAlike 4.0 International License

UW-Madison French Department CSCR repository Copyright © by UW-Madison Department of French and Italian is licensed under a Creative Commons Attribution-NonCommercial-ShareAlike 4.0 International License, except where otherwise noted.

Share This Book