196 Corneille, Cinna, Acte IV, scène 3 [vers 1245-1266]:

[vers 1245-1266]:

AUGUSTE
1245] Vous m’aviez bien promis des conseils d’une femme:
Vous me tenez parole, et c’en sont là, madame.
Après tant d’ennemis à mes pieds abattus,
Depuis vingt ans je règne, et j’en sais les vertus,
Je sais leur divers ordre, et de quelle nature
1250] Sont les devoirs d’un prince en cette conjoncture.
Tout son peuple est blessé par un tel attentat,
Et la seuIe pensée est un crime d’Etat,
Une offense qu’on fait à toute sa province,
Dont il faut qu’il la venge, ou cesse d’être prince.

LIVIE
1255] Donnez moins de croyance à votre passion.

AUGUSTE
Ayez moins de faiblesse, ou moins d’ambition.

LIVIE
Ne traitez plus si mal un conseil salutaire.

AUGUSTE
Le ciel m’inspirera ce qu’ici je dois faire.
Adieu: nous perdons temps.

LIVIE
Je ne vous quitte point,
1260] Seigneur, que mon amour n’aye obtenu ce point.

AUGUSTE
C’est l’amour des grandeurs qui vous rend importune.

LIVIE
J’aime votre personne, et non votre fortune.
Elle est seule.
II m’échappe : suivons, et forçons-le de voir
Qu’il peut, en faisant grâce, affermir son pouvoir,
1265] Et qu’enfin la clémence est la plus belle marque
Qui fasse à l’univers connaître un vrai monarque.

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